C. Germain-Donnat, C. Gouyette, A. Simon | Incursions sauvages | catalogue des expositions ” Incursions sauvages » et « Plongée en eaux troubles » | Éd. Lord Byron | 2022
Incursions sauvages est le catalogue édité à l’occasion des expositions conjointes « Incursions sauvages » au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris (FR) du 12 avril 2022 au 11 septembre 2022 et « Plongée en eaux troubles » à Fluctuart, Centre d’art urbain à Paris du 7 avril au 17 juin 2022.
Il comprend une préface de Christine Germain-Donnat, une introduction et des notices du commissaire de l’exposition Cyrille Gouyette ainsi qu’un texte d’Anne Simon.
Lien des éditions Lord Byron
Extrait Anne Simon, “Des bêtes et des bombes”
Bombes, sprays, pinceaux, couleurs, feutres, colle, rouleaux, perches, nacelles, plastique, fer, pierre, papier, ciseaux, du plus équipé au plus épuré, sept artistes font entrer leurs bêtes au sein du très insolite musée de la Chasse et de la Nature. Elles y déferlent (la ruée animale de War!, les Centaures sexuels d’Andrea Ravo Mattoni), elles s’y installent (le loup, le renard et la corneille de Nadège Dauvergne), elles traversent ou rasent ses murs (le renard de Ruben Carrasco, l’épervier de Jussi TwoSeven, la bête-rebut de Bordalo II, la laie et les blaireaux de Nadège Dauvergne), elles s’y engouffrent in extremis. De fait, entre dessin animé et trompe-l’œil savant, l’écureuil sauveteur, le chat au grelot infernal accroché à la queue et la biche effarée de Scaf fuient une ville férocement humaine – le chat suspendu à la fenêtre faisant peut-être aussi signe, drolatiquement, vers le célèbre Well Hung Lover, l’amant bien accroché de Banksy, dans un jeu multiple de sens et d’allusions.
Crevant les murs, redonnant aux fenêtres, aux portes et aux seuils leur fonction primaire et vitale de passage, ces bêtes nous rappellent que la rue est le non-lieu du mouvement, de la rencontre et de l’imprévu, et qu’un animal est avant tout une forme dynamique et consciente, qui va, qui vient, qui repose, qui se pose. De différentes façons, selon des rythmes forts, des intensités nocturnes, des esquives bancales, des attaques subites, des galops d’effroi. D’où viennent-elles les bêtes lâchées, exclamatives, de War! ? Du début des temps, quand les grandes migrations inspiraient une joie ou une terreur sacrée, quand le monde était une arche pleine de grandes bêtes ivres d’espace infini ? Ou du monde rétréci d’aujourd’hui, que nous leur avons rendu invivable ? Que nous aimerions qu’elles arrivent dans nos villes, qu’elles s’immiscent dans nos musées, nous murmure la petite voix qui en nous était faite pour le rugissement, le barrissement, le cri tonitruant de l’expansion…
[Lire la suite sur le catalogue, p. 13-23]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
yangjiezhao (9 août 2022). C. Germain-Donnat, C. Gouyette, A. Simon | Incursions sauvages | catalogue des expositions ” Incursions sauvages » et « Plongée en eaux troubles » | Éd. Lord Byron | 2022. PhilOfr. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/stn5